Alors, nous voici arrivés à Chachapoyas ou Chacha pour les intimes. Après quelques difficultés à trouver un hôtel, en raison de la fête de la vierge (15 août) qui se prépare, nous nous installons à l'hostal Johumaji. Puis nous partons en chasse, Calli et Ian d'un côté et nous de l'autre afin de trouver LE trek.
Finalement, nous décidons autour d'un repas végétarien (où tous les plats ont un nom différent mais exactement la même chose à l'intérieur : du riz, des frites et du steak de soja +/- émietté) que le gagnant serait Travel Chachapoyas, l'agence de Janet. Paul, un québécois, se joindra à nous. (Paul a vendu des kilomètres qu'il doit parcourir à pied, au profit de la société canadienne contre le cancer. Idée généreuse à retenir! Mais maintenant, il est un peu emmerdé, il lui en reste encore plein à faire avant de rentrer...)

Cascade de Gocta
Lundi 9 août, nous quittons la ville tous les cinq, direction la cascade de Gocta, 2ième plus grande cascade au monde (ou 15ième selon les mesures), histoire de nous entraîner à vivre les quatre prochains jours ensemble. La route est un peu sinueuse mais goudronnée... jusqu'à un embranchement. Là, c'est une piste qui monte, qui tourne et qui saute, tellement bien que le coffre s'ouvre en route, nous recouvrant de poussière.
Arrivés au village, nous réglons notre droit d'entrée à la communauté qui s'occupe notamment de l'entretien du chemin et entamons la randonnée. Il fait un temps parfait pour marcher : ni trop chaud, ni trop froid. Nous avançons à peu près au même rythme, ce qui est plutôt rassurant pour la suite. (Je me permet de signaler ici que je me suis même retrouvée largement devant à un moment donné! Ceci est un message d'espoir à tous les parents qui sont obligés de traîner leur progéniture sur les chemins de France et de Navarre! :) ) Nous arrivons à la cascade après 2h30 de marche. Comparé aux chutes d'Iguaçu, c'est un peu riquiqui... De la falaise, certes immense, coule un minuscule filet d'eau qui se transforme en une sorte de brume avant même d'arriver en bas. Il faut bien un but pour marcher et la cascade est, en tous cas, un excellent prétexte pour nous dégourdir les jambes et admirer la nature. Nous pique-niquons avec nos K-way avant de repartir vers le village. En route, Paul en bon samaritain, aide un homme qui peine à porter son fardeau. Il boîte et trébuche souvent et j'ai l'impression que nous avons affaire à un vieil homme abîmé par le travail et les ans. Mais en me rapprochant, je me rend compte qu'il n'est pas si vieux. Paul et Renaud essayent de faire la conversation, mais ils ne comprennent pas un traître mot de ce qu'il raconte! Arrivé au village, sans un mot et sans un merci pour Paul qui a porté le lourd sac de haricots, il reprend ses affaires et s'en va... Bizarre...
Notre taxi nous attend et nous regagnons Chachapoyas. Dans la voiture, pas un mot, nous somnolons tous malgré les virages...


Trek de Gran Vilaya : 1er jour
Nous avons RDV à l'agence de voyage le lendemain à 7h30. Nous commençons notre Trek de 4 jours par 2h de voiture, ce qui est bien mais pas top pour un trek... Pour le premier jour, nous sommes au nombre de neuf : Calli, Ian, Paul et nous deux ainsi que d'autres touristes qui font une expédition d'une journée, un français, un tchèque et deux péruviennes d'Iquitos d'une cinquantaine d'années. Le premier site à visiter est celui du « Pueblo de los muertos ». Nous entamons une longue descente pour voir des sites funéraires chachapoyas (qui est également une civilisation à part entière). Ça descend sec et les deux péruviennes décident de faire demi-tour. En bas, nous pouvons admirer, (de très loin, heureusement que j'ai mes jumelles, merci papa!) nichés au creux de la roche, des statues funéraires qui comprennent des ossements ou des momies de personnages chachapoyas importants. Nous avons même la joie et le plaisir de découvrir un tombeau ouvert (une sorte de petit monticule en terre) d'où s'échappent fémurs, côtes et vertèbres. Carlos, qui est notre guide pour les 4 jours, nous explique qu'il existe plusieurs tailles et plusieurs types de statues funéraires chachapoyas. Voici ce que j'ai compris et retenu des explications qui bien que plutôt claires, nous ont tout de même été dispensées en espagnol et retranscrites 2 semaines après! Seuls les personnages importants bénéficiaient de ce traitement particulier. Tout d'abord, la personne était enterrée. Quelques mois ou années plus tard, les ossements étaient déterrés, désarticulés et assemblés dans une position qu'on pourrait appeler fœtale, à l'aide de cordes. Le corps, ainsi préparé, était ensuite enveloppé dans du tissu et enfermé dans un sarcophage. La taille des sarcophages pouvaient varier de 30-40 cm de haut à 1m ou 1m20. La remontée m'est plutôt difficile, sous un soleil de plomb. Ce qui est un peu agaçant, c'est que Carlos me suit et quand je lève le nez, il est devant à m'attendre pas essoufflé le moins du monde...


Nous déjeûnons dans un petit restaurant familial avant de repartir en combi pour le site de Karajia. Le paysage est plus champêtre (des pâturages, un peu d'élevage et des cultures) pour descendre vers le site. Mais en arrivant en bas, nous découvrons avec horreur que les champs alentour sont en train de brûler, ainsi que les barrières en bois sécurisant l'accès au site. Carlos nous explique qu'un paysan qui était en train de brûler ses ordures, a vu une de ses braises s'envoler et embraser la nature. Connaissant désormais le penchant des péruviens pour la jachère par le feu, nous avons comme un doute sur le caractère accidentel de l'incendie... Les statues ont eu chaud mais elles sont toujours là, à quelques dizaines de mètres du sol, protégées par la roche. Nous ne nous approchons pas trop, ni longtemps car la zone n'est pas très sécurisée et des bouts de bois et de roches pleuvent sur le chemin... Le feu s'étend petit à petit, personne ne fait rien, ils attendent la fraîcheur de la nuit pour arrêter le fléau. Bizarre... Quant aux deux péruviennes, elles ont encore renoncé à aller jusqu'au bout! Elles n'ont pas vu grand-chose de le journée, du coup...


Et en voiture Simone pour aller jusqu'à la vallée de Belen où nous attendent gîte et couvert. Carlos essaye de pêcher de la truite mais sans succès. Les quatre « touristes à la journée » nous quittent et nous nous réchauffons grâce à des grogs d'aguardiente (gnôle locale particulièrement dégueulasse! Que je m'étais appliqué à acheter chez une petite mamie au dernier village. Elle était désolée de ne pouvoir m'en vendre de meilleure). Partie de carte, pop-corn et soupe de poulet avant d'aller nous coucher, transis de froid à 20h30!


Trek de Gran Vilaya : 2ième jour
Mercredi nous attaquons notre journée par un solide petit-déj (3 oeufs, du pain et des bananes frites) car aujourd'hui une rando de 7h nous attend. Nous traversons, pieds nus, une rivière glacée à trois endroits et côtoyons vaches et chevaux qui paissent paisiblement. La vallée, très verte est splendide! Nous empruntons un chemin inca fait de marches en pierres. Nous faisons un petit détour dans la jungle de montagne pour voir des ruines de maisons chachapoyas. Et enfin, nous entamons la descente jusqu'au village de Congon dans la vallée de Gran Villaya où nous dormirons chez l'habitant. Au menu de ce soir, du cuy, cochon d'Inde qui quelques instants plus tôt courait librement dans la cuisine. Je goûte du bout des lèvres cette viande très grasse. Il n'y a pas grand-chose à manger dessus et de toutes façons, je ne trouve pas très appétissant d'entendre couiner les bestioles à côté alors que j'ai dans mon assiette un bout de cage thoracique, Ian les pieds et Carlos la tête... Calli qui est végétarienne et déjà malade ne reste pas très longtemps à table avec nous!

 
Il y a plein d'animaux dangereux à la ferme :


Trek de Gran Vilaya : 3ième jour
Le lendemain, nous sommes réveillés par un tremblement de terre. J'ai entendu piaillé les poussins puis senti la terre trembler. Je n'ai pas réalisé tout de suite. Alors que tout le monde est sorti en flèche, Renaud et moi nous habillons tranquillement... La prochaine fois, on sera peut-être plus rapides! Nous avons appris plus tard que c'était une secousse de magnitude 6,9... en Equateur. Après le petit-déjeûner, nous faisons la connaissance de nos amis les chevaux ou plutôt les mules. Car aujourd'hui, la montée est tellement raide que nous nécessitons des montures. En fait, c'est juste trop difficile pour les gringos que nous sommes : Lorenzo (le chef de famille chez qui nous avons dormi), Carlos et un adolescent marchent derrière les mules et les guident à la voix et à la baguette! On se sent un peu nuls pour le coup... On déjeûne chez l'habitant, en haut d'une colline avec une vue magnifique. A 15h, mon calvaire se termine. En effet, je ne suis pas très à l'aise sur ces animaux, j'ai mal aux genoux, au dos et aux cuisses. Et pourtant, la seule chose que j'avais à faire était de rester dessus! En descendant, je peine à marcher. Mais je ne suis pas la seule à avoir du mal car à la descente, Renaud se retrouve carrément le cul par terre! :) Les muletiers repartent vers Congon : ils mettent 4h pour rentrer alors que nous avons mis 7h. Un peu la honte, non? (oui, mais ça descend!) Il nous reste soi-disant 2h pour descendre jusqu'à Choctamal où est notre auberge. On met 3h. Paul et moi sommes un peu malades : mal des montagnes, déshydratation, début de tourista? En tout cas, quelque chose ne va pas car on touche à peine à notre repas qui est pourtant tellement alléchant : du bœuf (!!!) avec une sauce aux oignons et tomates, de la salade verte et du riz... Que peina!


Trek de Gran Vilaya : 4ième jour
Vendredi, c'est grasse mat'! Un combi de touristes arrive à 10h pour nous emmener à Kuelap. Carlos fait la visite pour tout le monde. C'est un peu plus difficile de comprendre ce qu'il dit quand il s'adresse à un groupe parlant majoritairement espagnol. De ce que j'en ai compris, Kuelap est une ville chachapoya située à 3000m et divisée en 3 parties : la partie religieuse, la partie militaire et la partie civile. Les maisons, rondes, ont deux pièces distinctes parfois séparées par quelques dizaines de mètres : la partie pour dormir et la cuisine. Dans la cuisine, il y a souvent un trou où étaient enterrés les ossements des membres importants de la famille et un tunnel/garde-manger à cuy, juste devant la cheminée! Le travail des archéologues consiste à conserver ce qu'il reste de la cité et non de la restaurer (Allusion grinçante de Carlos au Machu-Picchu : apparemment, les guides du nord et du sud ont de grosses rivalités!) Nous avons également appris mais pas vu, lors de cette visite, que perdure dans certains villages andins une tradition qui peut nous paraître un peu macabre. Dans de nombreuses maisons, vous pouvez voir le crâne d'un ancêtre dans le coin de la pièce principale, tourné vers l'entrée : il peut ainsi surveiller les allers et venues, faits et gestes des habitants!


Après la visite, Carlos nous propose de redescendre à pied jusqu'à Tingo. Sachant qu'il est 14h30, que la descente prend minimum 2h30 et que nous n'avons pas déjeûné, nous déclinons et redescendons à Choctamal en combi pour manger. Mon estomac étant tout à fait rétabli, j'ai hâte de voir ce que nous propose le restaurant qui m'avait tant fait salivé la veille au soir... Et bien, c'est tout simplement dégueulasse.


Nous arrivons vers 18h à Chachapoyas. Nous avons de nouveau du mal à trouver des chambres d'hôtel car la fête de la vierge bat toujours son plein et de nombreux péruviens ont fait le déplacement. Nous arrivons à dégotter, Calli et moi, deux chambres : une avec trois lits et l'une avec un lit. Comme nous restons plus longtemps et que nous souhaitons faire des économies, nous décidons de prendre la chambre simple. Bien nous en a pris, la douche de l'autre chambre explose alors que Ian est dessous! Nous buvons une bière en compagnie de Calli et Ian pour fêter la fin du trek : demain soir ils partent pour Trujillo. Quant à Paul, il est un peu malade et nous le laissons dormir... Carlos nous a proposé de sortir avec son frère et d'autres amis, mais nous avons manqué le RDV. Du coup, nous rentrons nous coucher...

Week-end Chachapoya
Les deux jours suivants, nous sommes restés à Chacha pour nous reposer, faire la lessive, nous occuper du site... Et puis, l'office du tourisme nous a donné des informations totalement erronées sur les bus pour Leymebamba. Du coup, nous avons pu admirer les magnifiques feux d'artifices du samedi soir. Pendant la journée, les pyrotechniciens ont installé des structures en bambous sur lesquelles sont fixées les fusées. Le résultat est superbe, avec l'impression que des roues enflammées s'envolent dans le ciel, qu'une cascade de couleur dégouline de la structure... Par contre, niveau sécurité, ça semble un peu moyen! Les spectateurs sont à quelques mètres, voire centimètres des structures : il vaut mieux pas qu'il y ait un pépin avec le départ ou l’atterrissage des fusées! Nous avons recroisé Paul qui avait repris du poil de la bête le vendredi soir et était sorti jusqu'à 4h30 du matin avec Carlos et sa bande. Du coup, il était de nouveau un peu patraque! :) Ca ne l'a pas empêché de manger des brochettes de pie de vache avec Renaud (j'adore essayer des trucs bizarres mais ça, c'était pas terrible)





CHACHAPOYAS PRATIQUE

Hostal Johumaji : Chambre double pour 35 soles, chambre simple pour 25 soles
Les + : eau chaude et il y a de la place
Les - : hyper bruyant

Chutes de Golca :
Taxi A/R : 30 soles/p
Entrée : 5 soles/p

Trek Gran Vilaya :
100 soles/j/p avec Travel Chachapoyas (se situe sur la place des Armes)
Les + : guide très compétent et compréhensible pour notre faible niveau d'espagnol

Bus pour Leymebamba : 10 soles/p - trajet : 2h30 - tous les jours à 5h30 (du matin) et du lundi au vendredi à 12h, 14h et 16h