J'avais vaguement entendu parlé de personnes qui allaient voir un chaman pour essayer des plantes hallucinogènes et vivre une expérience mystique.
Ça me semblait un peu farfelu et, pendant la préparation du voyage, je ne me suis pas du tout intéressée à ce qui était pour moi un phénomène de mode, symbole de la cool attitude.
Et puis, après quelques discussions avec des péruviens et d'autres touristes, la curiosité nous a poussé à essayer.
L'Ayahuasca est une racine hallucinogène, utilisée par les chamans et guérisseurs indiens ainsi que leurs « patients » pour voir le passé, le présent, le futur, retrouver des personnes chères et elle aurait également des propriétés médicinales, en particulier nettoyer le corps de toutes ses impuretés. Je sais, moi aussi au début ça me faisait bizarre : ça faisait un peu « Mamadou le Marabout, retrouve ta femme et tes clefs en 24h ». La durée des hallucinations varie de 2 à 3h.
A notre retour de la jungle, les Sarah nous ont annoncé qu'elles avaient trouvé un chaman, recommandé par Carlos, un des guide, et qu'elles avaient l'intention de tenter l'expérience le soir même. La perspective d'être entourée par des personnes de confiance m'a convaincue d'essayer également. Renaud aurait préféré faire ça dans la jungle, il n'était donc pas sûr de boire l'Ayahuasca avec nous. Il souhaitait tout de même venir, ne serait-ce que pour découvrir la cérémonie et veiller sur nous. Nous avions convenu que si nous ne « sentions » pas le chaman, nous pourrions refuser. A 15h, nous arrêtons donc de manger car pour la cérémonie, il est recommandé d'être à jeûn depuis quelques heures (difficile de savoir combien, mais je me dis que 6h, comme avant une chirurgie, ça doit pas être trop mal!) et vous comprendrez ensuite pourquoi!
Carlos, qui a servi non seulement d'interprète, mais aussi de chaperon, nous a emmené tous les quatre chez le chaman, qui vit à quelques kilomètres du centre d'Iquitos. Il habite dans une maison en bois très modeste, avec quelques chambres, une cuisine avec toilettes intégrées (séparées par une bâche en plastique bleue qui, si elle est rabattue, empêche la lumière d'entrer. D'une intimité folle!). Nous avons rencontré ses enfants et son épouse qui s'occupe elle-même de la préparation de la décoction. Comme Carlos parlait en anglais, certaines informations m'ont échappées. De plus, j'étais un peu stressée par l'expérience à venir, du coup, je n'ai pas tout écouté. Mais, la préparation consiste à faire bouillir plusieurs racines et à les faire réduire jusqu'à l'obtention d'un liquide rouge, épais et huileux.
Le chaman est arrivé relativement tard car il travaille dans une usine de mise en bouteille de bière, apparemment, en tant qu'ouvrier. Comme quoi, chaman à Iquitos n'est pas si lucratif que ça! Ca m'a un peu rassurée...
Nous avons pas mal parlé des expériences des autres personnes et des siennes, grâce au concours de traducteur de Carlos. Si vous êtes tentés, je vous conseille d'avoir un bon niveau d'espagnol ou de vous faire traduire. Il nous expliquait que l'Ayahuasca avait des répercussions multi-sensorielles et qu'il fallait garder à l'esprit que tout n'était que produit de notre imagination : ce qu'on voyait, ce qu'on entendait, ce qu'on ressentait... J'étais un peu stressée de ne produire que des choses négatives. Pendant tout le temps où l'on a parlé, le chaman fumait clope sur clope. Dans les croyances indiennes, la fumée éloigne les mauvais esprits et il nous conseillait de fumer pendant la cérémonie. Alors qu'il ventait les vertus anti-cancéreuses de l'Ayahuasca, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire « y'a intérêt à ce que ce soit efficace contre le cancer du poumon parce qu'avec tout ce qu'il fume... » Et puis, je m'en suis voulue d'être aussi cynique : ça commence bien, je ne fais même pas semblant d'y croire! Peut-être que j'ai la trouille et je me défend en utilisant le scepticisme comme arme de défense? Ceci dit, plus il parlait, plus il donnait à ses propos un goût de charlatanisme. Il était temps qu'on commence l'expérience en elle-même.
Finalement, nous étions cinq plus le chaman à participer à la cérémonie. Renaud s'est laissé convaincre et le dernier était un péruvien d'Iquitos qui souhaitait localiser un ami qui avait disparu. Je n'étais que moyennement contente de me retrouver avec un étranger, mais bon, la présence d'un « local » légitimait un peu le travail du chaman...
Techniquement, voilà comment se déroule la cérémonie.
Mon expérience
Je n'ai pas été particulièrement convaincue par cette expérience. J'ai eu le sentiment de rester très extérieure et de ne pas en avoir profité pleinement.
D'abord, j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur ma propre expérience. Je me suis laissée parasiter par de nombreux éléments extérieurs (le bruit des chiens qui aboient et de la pluie, la souffrance des autres, la peur que l'expérience de Renaud se passe mal, l'appréhension de ne pas vomir, l'inconfort de ma position que j'essayais quand même de maintenir...)
J'ai eu quelques visions très gaies et très colorées qui faisaient un peu fête foraine. J'arrivais à voir des textures, des maillages de tissu très précisément. A un moment, j'ai entraperçu une ombre grise qui venait de la gauche de mon cerveau. Ce n'était pas une ombre sombre, mais quelque chose que j'avais envie d'aller explorer, mais je n'ai pas réussi. Ensuite, j'ai vu une tête de tigre puis, comme si elle passait aux rayons X ou comme dans les dessins animés quand le personnage est frappé par la foudre. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas voulu suivre cette vision et j'ai ouvert les yeux pour la faire disparaître.
Puis, j'ai essayé de me concentrer sur des personnes de mon entourage ou des lieux connus, mais ça n'a pas fonctionné.
Après ça, je n'ai plus eu de visions mais plutôt des pensées, pas tellement différentes de ce qui se passe dans ma tête d'habitude. J'étais un peu en colère de nous entendre vomir : on s'infligeait ça pour une expérience mystique à la noix, alors que des gens sous chimios dégueulent tripes et boyaux juste pour sauver leur peau.
Mon corps était un peu engourdi et je me sentais lourde, tout en n'ayant aucune difficulté à me mouvoir.
La présence du chaman était à la fois agréable et très agaçante. Son chant me touchait car j'avais l'impression que les paroles (que je ne comprenais pas!) m'étais destinées et en même temps, j'aurais voulu qu'il se taise pour que je puisse me concentrer.
Toute cette expérience était très ambivalente. J'ai eu l'impression de résister à l'effet hallucinogène, pourtant est-ce physiquement possible? Peut-on lutter contre les effets psychotropes d'une plante?
Je n'ai vomi qu'à deux moments distincts et la deuxième fois, j'ai « su » que ce serait terminé.
Les 2h30 qu'a duré la cérémonie, m'ont semblé une éternité et pourtant quand le chaman nous a demandé de raconter notre aventure, j'étais déçue que ce soit déjà terminé sans que j'aie eu une forte vision.
Je ne regrette pas de l'avoir fait, mais j'ai eu le sentiment de passer à côté de quelque chose. Je ne sais pas si je réitérerai l'expérience. En effet, rien que l'idée de vomir et surtout d'entendre les autres vomir me rebute.
L'expérience de Renaud
Ca a commencé par la vision, en 3D et sur fond noir, de motifs colorés, répétés à l'infini qui défilaient en changeant de couleur, suivant celles de l'arc-en-ciel. C'était très psychédélique. Puis, tout a changé avec l'arrivée des vomissements : l'expérience a été plutôt viré au cauchemar. J'ai été malade comme un chien et en grande majorité, j'ai eu des visions sombres et glauques : un univers grouillant qui pouvait s'apparenter à l'enfer, rempli de bestioles genre vers, araignées, serpents, le tout sur fond rouge. La pièce était devenue sordide. J'ouvrais les yeux régulièrement pour essayer de leur échapper. Les gestes et chants du chaman étaient plutôt apaisants. Ces visions étaient parsemées de visions plus positives mais toujours très furtives. J'ai, par exemple, chevauché un aigle avant de devenir cet aigle ; j'ai vu une photo vieillotte (genre années 60) de Anne et moi avec un enfant, dans un jardin ; j'ai poursuivi une petite fée et des elfes à travers la forêt ; je me suis retrouvé au bord d'une lagune, près d'un village indigène. Mais, à chaque fois, quelque chose (événement extérieur) me ramenait dans mon univers sombre. A un moment, j'ai marché jusqu'aux toilettes, les yeux ouverts et je devais écarter des voiles imaginaires qui barraient mon chemin et des pygmées m'observaient dans l'ombre.
Comme j'avais hésité jusqu'au bout, peut-être, je n'étais pas prêt à vivre ça. Je suis partagé entre l'idée d'une expérience mystique ou de drogue. Quoi qu'il en soit, dans le premier cas, on peut considérer que l'Ayahuasca ou la Sachamama (nom donné au personnage incarné par l'Ayahuasca dans les visions des chamans) ne m'aime pas. Dans le second cas, j'ai juste fait un bad trip! Par contre, le but thérapeutique a été parfaitement atteint : j'ai pu nettoyer mon intestin de haut en bas! Je me souviendrai longtemps de l'odeur de l'huile parfumée qui me soulevait le cœur!
Je ne suis pas prêt de réitérer l'expérience avant une dizaine d'année, ne serait-ce que pour être sûr que ce n'était pas dû à mon état d'esprit du jour. Quoi qu'il en soit, avec le recul, c'était une expérience que je ne regrette pas d'avoir tentée, même si je l'ai mal vécue.
Et puis, après quelques discussions avec des péruviens et d'autres touristes, la curiosité nous a poussé à essayer.
L'Ayahuasca est une racine hallucinogène, utilisée par les chamans et guérisseurs indiens ainsi que leurs « patients » pour voir le passé, le présent, le futur, retrouver des personnes chères et elle aurait également des propriétés médicinales, en particulier nettoyer le corps de toutes ses impuretés. Je sais, moi aussi au début ça me faisait bizarre : ça faisait un peu « Mamadou le Marabout, retrouve ta femme et tes clefs en 24h ». La durée des hallucinations varie de 2 à 3h.
A notre retour de la jungle, les Sarah nous ont annoncé qu'elles avaient trouvé un chaman, recommandé par Carlos, un des guide, et qu'elles avaient l'intention de tenter l'expérience le soir même. La perspective d'être entourée par des personnes de confiance m'a convaincue d'essayer également. Renaud aurait préféré faire ça dans la jungle, il n'était donc pas sûr de boire l'Ayahuasca avec nous. Il souhaitait tout de même venir, ne serait-ce que pour découvrir la cérémonie et veiller sur nous. Nous avions convenu que si nous ne « sentions » pas le chaman, nous pourrions refuser. A 15h, nous arrêtons donc de manger car pour la cérémonie, il est recommandé d'être à jeûn depuis quelques heures (difficile de savoir combien, mais je me dis que 6h, comme avant une chirurgie, ça doit pas être trop mal!) et vous comprendrez ensuite pourquoi!
Carlos, qui a servi non seulement d'interprète, mais aussi de chaperon, nous a emmené tous les quatre chez le chaman, qui vit à quelques kilomètres du centre d'Iquitos. Il habite dans une maison en bois très modeste, avec quelques chambres, une cuisine avec toilettes intégrées (séparées par une bâche en plastique bleue qui, si elle est rabattue, empêche la lumière d'entrer. D'une intimité folle!). Nous avons rencontré ses enfants et son épouse qui s'occupe elle-même de la préparation de la décoction. Comme Carlos parlait en anglais, certaines informations m'ont échappées. De plus, j'étais un peu stressée par l'expérience à venir, du coup, je n'ai pas tout écouté. Mais, la préparation consiste à faire bouillir plusieurs racines et à les faire réduire jusqu'à l'obtention d'un liquide rouge, épais et huileux.
Le chaman est arrivé relativement tard car il travaille dans une usine de mise en bouteille de bière, apparemment, en tant qu'ouvrier. Comme quoi, chaman à Iquitos n'est pas si lucratif que ça! Ca m'a un peu rassurée...
Nous avons pas mal parlé des expériences des autres personnes et des siennes, grâce au concours de traducteur de Carlos. Si vous êtes tentés, je vous conseille d'avoir un bon niveau d'espagnol ou de vous faire traduire. Il nous expliquait que l'Ayahuasca avait des répercussions multi-sensorielles et qu'il fallait garder à l'esprit que tout n'était que produit de notre imagination : ce qu'on voyait, ce qu'on entendait, ce qu'on ressentait... J'étais un peu stressée de ne produire que des choses négatives. Pendant tout le temps où l'on a parlé, le chaman fumait clope sur clope. Dans les croyances indiennes, la fumée éloigne les mauvais esprits et il nous conseillait de fumer pendant la cérémonie. Alors qu'il ventait les vertus anti-cancéreuses de l'Ayahuasca, je n'ai pas pu m'empêcher de me dire « y'a intérêt à ce que ce soit efficace contre le cancer du poumon parce qu'avec tout ce qu'il fume... » Et puis, je m'en suis voulue d'être aussi cynique : ça commence bien, je ne fais même pas semblant d'y croire! Peut-être que j'ai la trouille et je me défend en utilisant le scepticisme comme arme de défense? Ceci dit, plus il parlait, plus il donnait à ses propos un goût de charlatanisme. Il était temps qu'on commence l'expérience en elle-même.
Finalement, nous étions cinq plus le chaman à participer à la cérémonie. Renaud s'est laissé convaincre et le dernier était un péruvien d'Iquitos qui souhaitait localiser un ami qui avait disparu. Je n'étais que moyennement contente de me retrouver avec un étranger, mais bon, la présence d'un « local » légitimait un peu le travail du chaman...
Techniquement, voilà comment se déroule la cérémonie.
- Le chaman nous installe dans une petite pièce à côté de la salle à manger, chacun sur une chaise, une bassine à nos côtés.
- Il siffle une chanson dans la bouteille d'Ayahuasca.
- Il prend la bouteille d'Ayahuasca et souffle dedans de la fumée de cigarette avant de la refermer.
- Il remplit le verre (de la taille d'un verre à gnole ou à peine plus grand) que nous boirons chacun notre tour : 2 doigts d'Ayahuasca, 1 peu de vomitif (je pense), 1 peu d'huile parfumée. Avant de le donner à boire, il souffle de la fumée dans le verre. Je ne me souviens pas s'il y a des incantations...
- Il faut boire cul-sec : le goût est atroce, amer, âcre, très fort, c'est épais et huileux, ça colle aux dents et au palais. On boit tous une gorgée d'eau pour faire passer le goût.
- Dans l'ordre : Sarah W, Sarah M, Renaud, moi et le péruvien.
- Le chaman a les 3 bouteilles devant lui. Il souffle de la fumée dans la bouteille, en boit quelques gorgées, s'en verse sur la main, se tapote et se frotte la tête avec le liquide. Il répète l'opération pour toutes les bouteilles en récitant des incantations.
- Il éteint les lumières.
- Il nous demande de fermer les yeux, de nous concentrer, de ne pas croiser les jambes et les bras et de faire attention à ne pas toucher son voisin.
- Il agite un « plumeau » de feuilles (dont j'ai oublié le nom) et chante.
- On commence à vomir les uns après les autres, plusieurs fois et tout le long de la cérémonie. Certains ressentent le besoin d'aller se soulager aux toilettes. D'où l'intérêt de la bassine et ne pas avoir mangé avant!
- Le chaman vient chanter une chanson (différente à chaque fois), agiter son plumeau et mettre un peu d'huile parfumée dans nos cheveux. Il le fait pour chacun d'entre nous.
- Il nous demande de raconter les visions qu'on a eues, il laisse passer un peu de temps et on en discute un peu.
Mon expérience
Je n'ai pas été particulièrement convaincue par cette expérience. J'ai eu le sentiment de rester très extérieure et de ne pas en avoir profité pleinement.
D'abord, j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur ma propre expérience. Je me suis laissée parasiter par de nombreux éléments extérieurs (le bruit des chiens qui aboient et de la pluie, la souffrance des autres, la peur que l'expérience de Renaud se passe mal, l'appréhension de ne pas vomir, l'inconfort de ma position que j'essayais quand même de maintenir...)
J'ai eu quelques visions très gaies et très colorées qui faisaient un peu fête foraine. J'arrivais à voir des textures, des maillages de tissu très précisément. A un moment, j'ai entraperçu une ombre grise qui venait de la gauche de mon cerveau. Ce n'était pas une ombre sombre, mais quelque chose que j'avais envie d'aller explorer, mais je n'ai pas réussi. Ensuite, j'ai vu une tête de tigre puis, comme si elle passait aux rayons X ou comme dans les dessins animés quand le personnage est frappé par la foudre. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas voulu suivre cette vision et j'ai ouvert les yeux pour la faire disparaître.
Puis, j'ai essayé de me concentrer sur des personnes de mon entourage ou des lieux connus, mais ça n'a pas fonctionné.
Après ça, je n'ai plus eu de visions mais plutôt des pensées, pas tellement différentes de ce qui se passe dans ma tête d'habitude. J'étais un peu en colère de nous entendre vomir : on s'infligeait ça pour une expérience mystique à la noix, alors que des gens sous chimios dégueulent tripes et boyaux juste pour sauver leur peau.
Mon corps était un peu engourdi et je me sentais lourde, tout en n'ayant aucune difficulté à me mouvoir.
La présence du chaman était à la fois agréable et très agaçante. Son chant me touchait car j'avais l'impression que les paroles (que je ne comprenais pas!) m'étais destinées et en même temps, j'aurais voulu qu'il se taise pour que je puisse me concentrer.
Toute cette expérience était très ambivalente. J'ai eu l'impression de résister à l'effet hallucinogène, pourtant est-ce physiquement possible? Peut-on lutter contre les effets psychotropes d'une plante?
Je n'ai vomi qu'à deux moments distincts et la deuxième fois, j'ai « su » que ce serait terminé.
Les 2h30 qu'a duré la cérémonie, m'ont semblé une éternité et pourtant quand le chaman nous a demandé de raconter notre aventure, j'étais déçue que ce soit déjà terminé sans que j'aie eu une forte vision.
Je ne regrette pas de l'avoir fait, mais j'ai eu le sentiment de passer à côté de quelque chose. Je ne sais pas si je réitérerai l'expérience. En effet, rien que l'idée de vomir et surtout d'entendre les autres vomir me rebute.
L'expérience de Renaud
Ca a commencé par la vision, en 3D et sur fond noir, de motifs colorés, répétés à l'infini qui défilaient en changeant de couleur, suivant celles de l'arc-en-ciel. C'était très psychédélique. Puis, tout a changé avec l'arrivée des vomissements : l'expérience a été plutôt viré au cauchemar. J'ai été malade comme un chien et en grande majorité, j'ai eu des visions sombres et glauques : un univers grouillant qui pouvait s'apparenter à l'enfer, rempli de bestioles genre vers, araignées, serpents, le tout sur fond rouge. La pièce était devenue sordide. J'ouvrais les yeux régulièrement pour essayer de leur échapper. Les gestes et chants du chaman étaient plutôt apaisants. Ces visions étaient parsemées de visions plus positives mais toujours très furtives. J'ai, par exemple, chevauché un aigle avant de devenir cet aigle ; j'ai vu une photo vieillotte (genre années 60) de Anne et moi avec un enfant, dans un jardin ; j'ai poursuivi une petite fée et des elfes à travers la forêt ; je me suis retrouvé au bord d'une lagune, près d'un village indigène. Mais, à chaque fois, quelque chose (événement extérieur) me ramenait dans mon univers sombre. A un moment, j'ai marché jusqu'aux toilettes, les yeux ouverts et je devais écarter des voiles imaginaires qui barraient mon chemin et des pygmées m'observaient dans l'ombre.
Comme j'avais hésité jusqu'au bout, peut-être, je n'étais pas prêt à vivre ça. Je suis partagé entre l'idée d'une expérience mystique ou de drogue. Quoi qu'il en soit, dans le premier cas, on peut considérer que l'Ayahuasca ou la Sachamama (nom donné au personnage incarné par l'Ayahuasca dans les visions des chamans) ne m'aime pas. Dans le second cas, j'ai juste fait un bad trip! Par contre, le but thérapeutique a été parfaitement atteint : j'ai pu nettoyer mon intestin de haut en bas! Je me souviendrai longtemps de l'odeur de l'huile parfumée qui me soulevait le cœur!
Je ne suis pas prêt de réitérer l'expérience avant une dizaine d'année, ne serait-ce que pour être sûr que ce n'était pas dû à mon état d'esprit du jour. Quoi qu'il en soit, avec le recul, c'était une expérience que je ne regrette pas d'avoir tentée, même si je l'ai mal vécue.
L'expérience des Sarah
Elles nous ont promis que rentrées de leur voyage, elles nous raconteraient quelque chose de plus détaillé Mais ce que je peux dire d'ors et déjà, c'est qu'elles ont toutes les deux eu des visions époustouflantes, très colorées et positives! Malgré cela, elles n'envisagent pas de renouveler l'expérience avant... 20 ans!