Dans le genre « j'ai la guigne », la Laos est plutôt bien classé.
D'abord envahit par le Siam au 18ième siècle, puis occupé par les français pendant la 1ère moitié du 20ième, le Laos fût ensuite utilisé comme base secrète anti-communiste par les USA pendant 20 ans puis laissé plus ou moins en état de guerre civile après la guerre du Vietnam. La plaine des Jars, où est située Phonsavan, est au centre de la région la plus touchée par la « Guerre Secrète ».
En 1954, les Royal Lao sont au pouvoir et le pays est déclaré neutre lors de la conférence de Genève. Ainsi, ni les Vietnamiens (supportant les guérilleros communistes du Pathet Lao), ni les forces américaines ne pouvaient pénétrer le pays. Les américains effrayés par l'« effet domino » souhaitaient empêcher le communisme de s'étendre au Laos.
C'est à partir de ce moment que la CIA commença à envoyer secrètement de nombreux agents dont la mission était de recruter et former une armée secrète pour combattre le communisme au Laos. Ils créèrent une base au milieu de la jungle au nord-est du pays. Les recrues locales sont de l’ethnie montagnarde des Hmong et sont dirigées par le général Vang Pao. Entre 1965 et 1973, les américains ont lâchés plus de bombes sur le Laos qu'en furent lâchées sur l'Allemagne et le Japon réunis pendant la seconde guerre mondiale... L'équivalent d'un bombardement toutes les 8 minutes dont l'amplitude était parfois d'un kilomètre de large sur 3 de long !
En 1973, les USA se retirent suite à la défaite vietnamienne et le pays tombe aux mains du Pathet Lao. Les américains rapatrient quelques milliers de soldats Hmong, mais ils en laissent aussi un certain nombre derrière eux : certains se cachent toujours aujourd'hui dans la jungle par peur des représailles...
Après ce petit résumé historique, je vais pouvoir vous conter nos aventures phonsavaniennes. Fraichement arrivés dans cette ville pas hyper accueillante au premier abord, nous nous mettons à la recherche d'un tour. Nous pensons, à juste titre, que la visite de la région sera plus intéressante avec quelques explications. Nous trouvons notre bonheur et partons le lendemain matin à 8h accompagné de My, notre guide, ainsi que de Marc & Sophie, 2 américains, à bord d'un mini-van d'un âge certain...
Notre première étape est la plaine des Jars. La légende raconte que ces énormes jarres de pierre étaient les verres (« jar » signifie « verre » en lao) dont se servaient les géants pour boire l'alcool de riz et qu'ils jetaient après utilisation pour se porter chance... se qui expliquerait leur disposition anarchique. Une autre explication, plus scientifique, dit que se sont des urnes funéraires.
Nous nous arrêtons ensuite au bord de la carcasse rouillée d'un vieux tank russe abandonné au bord de la route et allons déjeuner au bord d'un petit lac.
Nous visitons ensuite une grotte qui servait d'hôpital au Pathet Lao lors de la guerre secrète. Les grottes étaient très prisées pour échapper aux bombardements intensifs. Cette grande grotte, ancien temple bouddhiste, accueillait une 50aine de médecins et leur patients. Des milliers de bouteilles de morphine sont là pour l'attester.
C'est en direction de « scrap village » que l'embrayage de notre superbe van décide de nous fausser compagnie. My ne perd pas son sang-froid et nous répare ça avec brio. Nous arrivons donc au village sus-cité où les gens donnent une seconde vie aux nombreux débris des bombes. Nous y découvrons aussi des arbustes assez étonnants.
Puis, n'ayant pas le temps de faire le programme originalement prévu (panne oblige), nous grimpons une petite colline à 300m du village. Nous pouvons y observer une magnifique vue sur la vallée ainsi que d'autant réjouissantes que nombreuses UXOs (UneXploded Ordonnance = bombes non explosées).
Ces trucs sont des saloperies pures et simples. Elles sont de 2 principaux types :
- les bombes de 100 à 1000kg. 30% n'ayant pas explosées à l'impact.
- les « cluster-bombs » ou bombes anti-personnel. Ces petites bombes rondes de la taille et du poids d'une boule de pétanque sont disséminées un peu partout. Elles possèdent de petites ailettes qui les font tourner quand elles tombent et explosent après 2000 tours. Du coup, on ne connait pas le nombre de tours qui manquent à celles qui sont sur le sol. La pétanque étant un sport plutôt répandu au Laos (oui, il y a tout de même quelques bienfaits de la colonisation française), les gamins prennent les cluster-bombs pour des jouets...
Les UXOs font toujours environ 200 victimes par an malgré les efforts de déminage. On a beau en avoir entendu parler de nombreuses fois, c'est tout de même autre chose que de le voir de ses propres yeux... La route de retour est silencieuse et bourdonnante.
Pour s'excuser de la panne et du changement de programme, Rasa (le patron de l'agence), nous accueille avec des bières. La soirée vire au buff avec la vieille guitare qui est là.
Le lendemain c'est relâche... la bière Lao et et rice-wisky ne font pas bon ménage. Nous visionnons un documentaire assez intéressant que vous pouvez sûrement trouver sur le net : "The most secret place on earth" de Tom Water.
Nous sommes invités par la même équipe à une partie de pêche le jour suivant et découvrons les joies du pique-nique Lao : grenouille au feu de bois, oeufs de termites, piments et riz-collant. Journée très sympa au bord de l'eau.
Afin d'éviter un long détour, nous prenons un bus en direction de Paksan. 12h de trajet sur une piste en terre avec un seul arrêt de plus de 2 minutes. Nous sommes crevés et couverts de poussière en arrivant.
PHONSAVAN PRATIQUE
??? Guest House (dans la petite rue à gauche de l'ancienne gare routière) : 60.000 K/nuit la double. Propriétaires ne parlants pas anglais et ado un peu revêche qui rechigne à aider ses parents à traduire...
Tour historique (agence à droite de l'ancienne gare routière sur la rue principale, il y a un barbecue) : 200.000 K/p.
Tuk-tuk pour la gare des bus : 10.000 K
Bus pour Paksan : 100.000 K – durée : 12h – départ 7h30 – piste en terre
Taux de change : 1€ ~= 10.000 Kips
D'abord envahit par le Siam au 18ième siècle, puis occupé par les français pendant la 1ère moitié du 20ième, le Laos fût ensuite utilisé comme base secrète anti-communiste par les USA pendant 20 ans puis laissé plus ou moins en état de guerre civile après la guerre du Vietnam. La plaine des Jars, où est située Phonsavan, est au centre de la région la plus touchée par la « Guerre Secrète ».
En 1954, les Royal Lao sont au pouvoir et le pays est déclaré neutre lors de la conférence de Genève. Ainsi, ni les Vietnamiens (supportant les guérilleros communistes du Pathet Lao), ni les forces américaines ne pouvaient pénétrer le pays. Les américains effrayés par l'« effet domino » souhaitaient empêcher le communisme de s'étendre au Laos.
C'est à partir de ce moment que la CIA commença à envoyer secrètement de nombreux agents dont la mission était de recruter et former une armée secrète pour combattre le communisme au Laos. Ils créèrent une base au milieu de la jungle au nord-est du pays. Les recrues locales sont de l’ethnie montagnarde des Hmong et sont dirigées par le général Vang Pao. Entre 1965 et 1973, les américains ont lâchés plus de bombes sur le Laos qu'en furent lâchées sur l'Allemagne et le Japon réunis pendant la seconde guerre mondiale... L'équivalent d'un bombardement toutes les 8 minutes dont l'amplitude était parfois d'un kilomètre de large sur 3 de long !
En 1973, les USA se retirent suite à la défaite vietnamienne et le pays tombe aux mains du Pathet Lao. Les américains rapatrient quelques milliers de soldats Hmong, mais ils en laissent aussi un certain nombre derrière eux : certains se cachent toujours aujourd'hui dans la jungle par peur des représailles...
Après ce petit résumé historique, je vais pouvoir vous conter nos aventures phonsavaniennes. Fraichement arrivés dans cette ville pas hyper accueillante au premier abord, nous nous mettons à la recherche d'un tour. Nous pensons, à juste titre, que la visite de la région sera plus intéressante avec quelques explications. Nous trouvons notre bonheur et partons le lendemain matin à 8h accompagné de My, notre guide, ainsi que de Marc & Sophie, 2 américains, à bord d'un mini-van d'un âge certain...
Notre première étape est la plaine des Jars. La légende raconte que ces énormes jarres de pierre étaient les verres (« jar » signifie « verre » en lao) dont se servaient les géants pour boire l'alcool de riz et qu'ils jetaient après utilisation pour se porter chance... se qui expliquerait leur disposition anarchique. Une autre explication, plus scientifique, dit que se sont des urnes funéraires.
Nous nous arrêtons ensuite au bord de la carcasse rouillée d'un vieux tank russe abandonné au bord de la route et allons déjeuner au bord d'un petit lac.
Nous visitons ensuite une grotte qui servait d'hôpital au Pathet Lao lors de la guerre secrète. Les grottes étaient très prisées pour échapper aux bombardements intensifs. Cette grande grotte, ancien temple bouddhiste, accueillait une 50aine de médecins et leur patients. Des milliers de bouteilles de morphine sont là pour l'attester.
C'est en direction de « scrap village » que l'embrayage de notre superbe van décide de nous fausser compagnie. My ne perd pas son sang-froid et nous répare ça avec brio. Nous arrivons donc au village sus-cité où les gens donnent une seconde vie aux nombreux débris des bombes. Nous y découvrons aussi des arbustes assez étonnants.
Puis, n'ayant pas le temps de faire le programme originalement prévu (panne oblige), nous grimpons une petite colline à 300m du village. Nous pouvons y observer une magnifique vue sur la vallée ainsi que d'autant réjouissantes que nombreuses UXOs (UneXploded Ordonnance = bombes non explosées).
Ces trucs sont des saloperies pures et simples. Elles sont de 2 principaux types :
- les bombes de 100 à 1000kg. 30% n'ayant pas explosées à l'impact.
- les « cluster-bombs » ou bombes anti-personnel. Ces petites bombes rondes de la taille et du poids d'une boule de pétanque sont disséminées un peu partout. Elles possèdent de petites ailettes qui les font tourner quand elles tombent et explosent après 2000 tours. Du coup, on ne connait pas le nombre de tours qui manquent à celles qui sont sur le sol. La pétanque étant un sport plutôt répandu au Laos (oui, il y a tout de même quelques bienfaits de la colonisation française), les gamins prennent les cluster-bombs pour des jouets...
Les UXOs font toujours environ 200 victimes par an malgré les efforts de déminage. On a beau en avoir entendu parler de nombreuses fois, c'est tout de même autre chose que de le voir de ses propres yeux... La route de retour est silencieuse et bourdonnante.
Pour s'excuser de la panne et du changement de programme, Rasa (le patron de l'agence), nous accueille avec des bières. La soirée vire au buff avec la vieille guitare qui est là.
Le lendemain c'est relâche... la bière Lao et et rice-wisky ne font pas bon ménage. Nous visionnons un documentaire assez intéressant que vous pouvez sûrement trouver sur le net : "The most secret place on earth" de Tom Water.
Nous sommes invités par la même équipe à une partie de pêche le jour suivant et découvrons les joies du pique-nique Lao : grenouille au feu de bois, oeufs de termites, piments et riz-collant. Journée très sympa au bord de l'eau.
Afin d'éviter un long détour, nous prenons un bus en direction de Paksan. 12h de trajet sur une piste en terre avec un seul arrêt de plus de 2 minutes. Nous sommes crevés et couverts de poussière en arrivant.
PHONSAVAN PRATIQUE
??? Guest House (dans la petite rue à gauche de l'ancienne gare routière) : 60.000 K/nuit la double. Propriétaires ne parlants pas anglais et ado un peu revêche qui rechigne à aider ses parents à traduire...
Tour historique (agence à droite de l'ancienne gare routière sur la rue principale, il y a un barbecue) : 200.000 K/p.
Tuk-tuk pour la gare des bus : 10.000 K
Bus pour Paksan : 100.000 K – durée : 12h – départ 7h30 – piste en terre
Taux de change : 1€ ~= 10.000 Kips