Nous attendions d'être loin de la Bolivie pour critiquer la patrie d'Evo Morales. Parce qu'il n'a pas l'air commode... Dernièrement, on l'a vu mettre un coup dans les parties d'un joueur de foot...
Difficile d'être drôle quand on doit résumer trois semaines de cours, même si c'est nous qui avons décidé de nous infliger ça. Car oui, si des enfants ou des adolescents nous lisent, on peut, un jour, éventuellement, avoir envie de retourner à l'école...

Les cours
Vous ne verrez probablement jamais à quel point nous avons fait des progrès, mais croyez-nous, l'école Carmen Vega à Cochabamba est efficace. De plus, l'ambiance y est très détendue : les cours ont lieu dans la maison de Carmen et sa famille. Et dans la famille de Carmen, il y a Jacques, le compagnon ; Sergio, le fils ; Juan, le frère aîné ; Doña Eusebia et Don José, les parents ainsi que deux chiens, deux chats, un lapin et une tortue! Merci aussi à Noemi et Mauricio les deux autres professeurs.


Le logement
C'est aussi une histoire de famille... A quelques pas seulement de l'école, nous avons vécu chez Miguel (le frère de Carmen), Francisca et leurs deux enfants Rodrigo (24 ans) et Horacio (20 ans). Nous avons adoré aller à la rencontre de la Bolivie, via leur foyer!

La cuisine Cochabambinienne
Nous étions en pension complète et nous n'avons pas regretté. Francisca, qui a vécu un peu en Argentine, est une excellente cuisinière et nous avons pu goûter quelques plats typiques : des soupes de toutes sortes dont la « soupe de mani » (soupe de cacahouètes) et la « fricasse » (soupe à base de viande de porc et de chuños, sortes de petites patates des hauts plateaux de l'altiplano qui sont trop petites pour être consommées telles quelles et trop grosses pour les semences. Elles sont donc mouillées, laissées dehors une dizaine de nuits afin qu'elles gèlent puis exposées au soleil pour faire ressortir l'humidité. Ca donne des petites pommes de terre un peu noires et farineuses...) ; les « rellenos » (Croquettes de pommes de terre fourrées à la viande hâchée, aux oeufs durs, aux olives) ; le « Pique Macho » (viande de boeuf, saucisses, pommes de terre, poivrons, tomates et oignons).

Nous avons aussi goûté les salteñas, sorte de tourtes à la viande, aux petits légumes, aux olives et au jus un peu épicé qui ressemblent un peu aux empanadas mais en moins sec. Ca se mange traditionnellement après la grasse mat' dominicale.

Nous avons également testé l'hospitalité bolivienne. Lors d'un pique-nique, alors que nous en étions au dessert, un jeune homme vient nous apporter une assiette remplie de victuailles : viande de boeuf, saucisses, riz gluant au fromage, pommes de terre, salade. Miguel nous explique alors que lorsqu'un bolivien offre une assiette de nourriture, il faut la lui rendre... vide. Nous voilà donc, chacun notre tour, mangeant du bout des lèvres ce plat gargantuesque. Finalement, nous avons feinté et avons emporté les restes dans un plat que nous avons donné aux chiens en rentrant!

Nous leur avons fait des crêpes, un gâteau micro-onde au chocolat complètement raté et un risotto un peu fadasse... Sur ce coup là, nous n'avons pas été de très bons ambassadeurs de la cuisine française!

Les loisirs
Honte sur nous, alors que c'étaient les 200 ans de Cochabamba et qu'il y avait plein d'activités, nous sommes restés à la maison. Nous n'avions pas très envie de risquer le bain de foule et mine de rien, après 5h de cours et un déjeuner plutôt copieux, il nous était difficile de faire quoi que ce soit. Le cerveau et la panse pleins à craquer, nous faisions souvent une sieste puis nos devoirs (et oui!). Arrivait le dîner que nous passions en famille.

Nous avons tout de même été à un concert de musique bolivienne : les Awatignas. Je déteste la flûte, ce n'est un secret pour personne, donc on ne peut pas dire que je me sois régalée... La semaine suivante, nous avons assisté à un spectacle de danse très sympa avec une jolie musique, de belles chorégraphies et de magnifiques costumes (mis à part les « polleras », jupes courtes à couches multiples qui font paraître toutes les femmes grosses!) . Un vrai régal. Vous n'aurez pas de photos, l'appareil était resté à la maison.

Nous nous sommes rendus sur une colline en hauteur de Cochabamba pour admirer le Christ de la Concordia qui ressemble à celui de Rio de Janeiro, en plus grand... de quelques mètres. Et ce qui est amusant, c'est qu'on peut même rentrer à l'intérieur et grimper jusqu'aux bras afin d'admirer la vue! Montée en téléphérique parce qu’apparemment, les détrousseurs se cachent le long des marches qui y accèdent...
On a un peu visité la ville...


Nous nous sommes rendus aux bains thermaux de Lilluni avec Miguel et Francisca. Pour nous qui avons eu le loisir de goûter aux eaux thermales de Bagnères de Bigorre, l'infrastructure était plus que spartiate : des cabines mais pas de portes, des toilettes douteuses qui ne ferment pas non plus, une piscine sans abords pour étaler sa serviette. Nous avons trempé pendant 2 heures dans une eau très agréable. Difficile d'y nager, vu l'affluence. Ensuite, nous sommes allés dans ce qu'ils appellent des bains privés où il y une petite piscine, remplie à hauteur de genou avec de l'eau bouillante. Nous avons passé un bon moment mais n'avons pas été conquis par le lieu. Nous n'en avons trop rien dit car pour Miguel et Francisca c'était une sortie exceptionnelle qu'ils s'offraient. C'est eux qui nous avait parlé de cet endroit où ils n'étaient pas revenus depuis 13 ans!


Pour faire les courses, il faut se rendre à la Cancha, immense marché du centre-ville. C'est un labyrinthe où l'on peut trouver de tout : des fruits, des légumes, du fromage, de la viande, toutes les abats qu'on puisse imaginer (langue, tripe, museau, œsophage, tête...) ; des fœtus de lama, des miniatures, de la fausse monnaie pour les rites à la Pachamama! Par contre, il faut vraiment se méfier : alors que je tenais ma petite sacoche à la main, une dame à réussi à me l'ouvrir pour essayer de me piquer des sous!


La musique bolivienne
Comme je vous le disais, je déteste la flûte. Du coup, on ne peut pas dire que j'aime la musique bolivienne. Et puis, je trouve les paroles d'une mièvrerie infinie et si vous tendez bien l'oreille, il y a un « mi amor » (mon amour), « mi corrazon »(mon cœur), « feliz » (heureux) dans toute chanson. On dirait un hommage à Anaïs!
Par contre, je suis prête à remettre les choses à leur place et rendre l'hommage qui leur est du. La lambada n'est pas brésilienne mais bolivienne! C'est le groupe « Los Kjarkas » qui est à l'origine. Pour preuve : leur version... Et là, je dis merci! :-)

Actualité
Quand je disais qu'« Evo » (Morales, le président, mais ici on ne dit que son prénom...) n'était pas commode... Il est président depuis 2006, a été réélu jusqu'en 2014 mais en ce moment, il essaye de faire changer la constitution en vue d'un troisième mandat de 2015 à 2020. Il voit loin pépère!
Il voit loin et il prêche pour sa paroisse! Il est issu de la communauté indigène Aymara qui comme toutes les minorités indigènes a été longtemps exploitée et spoliée. Quand nous y étions, il était en train de faire passer une loi « anti-racisme ». On ne peut que féliciter. Sauf, que les termes « racistes » sont plus que flous et l'utilisation d'un mot comme « indigène » peut amener sont auteur devant un tribunal!
Evo pense également qu'il est important de conserver le système de valeurs et de traditions ancestrales dans les villages indigènes (je peux dire des gros mots, je ne suis plus en Bolivie!). Ainsi, nous avons découvert qu'il est coutume de lyncher les voleurs présumés avant même de leur demander des explications. Par exemple, des étudiants venus camper ont été pris pour des voleurs de poules et immolés! Ces crimes restent impunis la plupart du temps. C'est beau le respect de la tradition!
Est survenu un événement important lors de notre séjour mais qui n'est pas du fait d'Evo (je ne le crois quand même pas puissant à ce point) : la hausse du prix du poulet. Au début, les reportages journaliers nous faisaient sourire. Puis, nous avons pris la mesure de ce drame. La région a connu une période de sècheresse sans précédent dont les répercussions ont été catastrophiques sur les cultures maraîchères et les élevages (plus d'eau donc plus de pâturages et décès d'animaux dû à la chaleur). Le poulet est un peu l'équivalent de notre CAC 40!

Dans les trucs un peu plus gai, il faut savoir que les boliviens adorent les jours fériés! Le 21 septembre, nous avons beaucoup apprécié la fête de l'amour, de l'amitié, de l'étudiant, de la jeunesse, du printemps et des médecins!

Ce qu'il faut savoir
Si tu invites un bolivien au restaurant, c'est toi qui payes! Mieux vaut éviter le « ça te dis un restau? »

Quand il y a une fête comme un mariage, il est bien de préciser sur le carton d'invitation le nombre de personnes que la personne peut amener, sinon, elle peut venir avec toute sa famille! (Damien et Michele, vous devriez peut-être vous méfier! :) )

La Bolivie est un pays ultra macho où les hommes font trois petits gosses et puis s'en vont, laissant la/les mères avec un gamin sur les bras! Il y a de nombreuses filles-mères, ici. C'est pourquoi la fête du quinzième anniversaire (quincecompleaños) est si important, alors qu'il coûte un bras. A 15 ans, c'est le seul moment où la jeune fille est sûre de porter une robe blanche de princesse. En effet, si elle trouve un jour un mec bien pour l'épouser, il y a peu de chance pour qu'elle puisse porter une robe blanche. Car ici, la tradition n'est pas à prendre à la légère : si tu as des enfants, si tu te marries enceinte ou s'il est de notoriété publique que tu n'es plus vierge, tu peux t'acheter une robe bleue, rose ou jaune pastel!

Pour acheter une voiture, point de concessionnaire. Il faut se rendre dans une grande rue où tout le monde vient vendre son bien. La plupart des véhicules sont d'occasion et japonais : le volant et les pédales doivent donc être changés de côté, ce qui laisse parfois un trou béant dans le vide-poche de droite! Il vaut mieux acheter une voiture dont la marque est hyper présente car pour toute réparation, il faut trouver soit même les pièces de rechange (ou faire appel au trafic de pièces volées! Avec un peu de chance, tu peux racheter tes propres phares!). Il n'y a pas de paiement par chèque ni par carte bleue, il faut donc se trimballer avec des liasses de dollars pour payer le vendeur. Celui-ci doit se méfier des voleurs qui guettent...

L'église a une place prépondérante dans la vie bolivienne. Elle y fait du bon boulot (aide spirituelle, sanitaire, médicale et éducative). On a même assisté à la bénédiction d'une voiture nouvellement achetée. Elle était en panne (oui, déjà!) et, à mon grand regret, n'a pas redémarrée après la petite giclée d'eau bénite... La religion catholique est très importante, mais les boliviens n'ont pas renié le culte à la Pachamama pour autant. Ils vivent plutôt bien le syncrétisme des deux religions : une main tendue vers le ciel et l'autre vers la terre!

Les hommes qui font la vaisselle, la cuisine, les courses et la lessive sont considérés comme peu virils et on leur donne le joli nom de « mandarine »!


Pour conclure, je remercierai toutes les personnes qui ont lu jusqu'au bout!



COCHABAMBA PRATIQUE

Ecole Carmen Vega :
Cours individuel : 45 bolivianos/h
Hébergement en pension complète : 120 bolivianos/jour/2p.

Taxi Truffi : 1,50  bolivianos

Thermes Lilluni :
- bus : 23  bolivianos
- entrée : 4  bolivianos
- bain privé : 10 bolivianos/2p. la ½h

Christ de la concordia :
- entrée : 2  bolivianos
- téléphérique : 6 bolivianos A/R
- montée dans le Christ : 1  boliviano

Bus pour Oruro : 20 bolivianos avec TransAzul - départ toutes heures – durée : 4h30
Droit d'utilisation du terminal de bus : 2,5  bolivianos

Train Oruro – Uyuni : 101 bolivianos en 1ere classe – 52 bolivianos en 2nde
(Attention les places en 2nde sont très vite prises)

Taux de change : 1€ ~= 9,7 bolivianos